Guilin et Yangshuo, la baie d’Halong terrestre de Chine
Nous avons dû rebrousser chemin jusqu’à Hangzhou, au Sud de Shanghaï pour prendre le train de nuit qui nous mena 1500 kilomètres plus à l’Ouest dans la ville de Guilin. La gare de Hangzhou nous a paru immense avec son grand hall d’attente bondé. Modernisme encore, ici un écran indique même l’occupation de chaque toilette ! Le train de nuit fut confortable et le petit-déjeuner au wagon restaurant au même moment que tout le personnel, très typique !
Guilin fut l’une des premières villes à développer une véritable industrie du tourisme juste après la deuxième guerre mondiale. Elle servit de vitrine pour les autres lieux touristiques. Sans être une ville majeure, elle compte néanmoins environ 5 millions d’habitants avec son agglomération. Son centre-ville est encerclé, tel une citadelle, par deux rivières grâce auxquelles ont été aménagés quatre lacs autour desquels les habitants se promènent et font leurs activités matinales comme le taï chi, le jonglage ou encore la calligraphie sur le sol (oui cela existe !). En certains endroits cela « goujonne » même un petit peu. De beaux ponts enjambent parfois ces lacs, dont l’un double et bombé comme le dos d’une tortue. Des haut-parleurs dissimulés diffusent toute la journée une musique douce et quelques messages que nous ne réussîmes pas à déchiffrer.
Emblèmes de la ville, comme flottantes sur l’un des quatre lacs, la pagode du Soleil et la pagode de la Lune. Elégantes, on ne se lasse pas de les admirer et les prendre en photo, de jour comme de nuit. Comble du confort, la pagode du Soleil a un ascenseur pour se rendre jusqu’au sommet ! La nuit, les lacs sont mis en valeur par des lumières de toutes les couleurs. La balade n’en est que plus agréable. Inattendu, un petit pont tout en crystal relie un ilôt et offre une brève expérience très romantique pour quelques yuans la traversée.
Autour de Guilin, on distingue déjà des pics karstiques similaires aux paysages Vietnamiens. Ces pics font la renommée de la région et la descente jusqu’à Yangshuo sur la rivière Li est unique. Qu’à cela ne tienne, nous partîmes donc pour quelques jours à Yangshuo. En effet, descendre la rivière Li ou encore sa comparse la rivière Yulong est une sacré expérience. A la fois grâce au paysage de collines végétales s’élevant les unes à côté des autres comme des dents de calcaires barrant l’horizon, mais aussi grâce aux barques qui nous y convoient. Faîtes d’une dizaine de grands bambous sur laquelle sont fixées 2 chaises en fer, elles traversent les paysages de campagne et glissent entre les célèbres pics dans un léger bruit de clapotis. Pour pimenter l’expérience, le cours de la rivière baisse de niveau de quelques mètres en plusieurs endroits, à travers des retenues d’eau que les embarcations en bambou passent soit en glissant sur la pente en béton soit en s’avançant dans le vide jusqu’à ce que l’équilibre fasse on ouvrage et les fasse basculer en avant dans une gerbe d’éclaboussures et de rires. Avec leurs perches, les batteliers sont d’une adresse remarquable et donnent l’impression de diriger de grands traîneaux sur l’eau. A l’arrivée, on démonte en un rien de temps les chaises de chaque embarcation que l’on charge par dizaine sur des petits camions pour les rapporter au départ de l’excursion.
Charmés par cette ballade, nous décidâmes de nous enfoncer plus profondément dans ces paysages. Moyen de transport privilégié : le tandem ! Parfait pour quatre personnes et très usité dans la région. Ainsi, nous avons rejoint la fameuse « Moon Hill » qui offre un beau panorama sur les rochers environnants mais également qui s’enorgueillit d’une particularité naturelle supplémentaire : au cœur de la roche qui s’élève comme un disque, un trou parfaitement dessiné et de forme ronde. La symbolique était toute faîte avec le célèbre astre. Après l’avoir escaladé, nous nous perdîmes dans les villages alentours et nous nous plûmes à voir les sorties des écoliers ruraux, les camionnettes des paysans chinois, les légumes qui sèchent au soleil.
Brusque changement d’ambiance. Nous avons décidé d’aller dîner à West Street, au centre de Yangshuo. Rue animée nous a-t-on dit. C’est une énorme bourrasque de lumières et de sons qui déferle sur nous dans les premières dizaines de mètres que nous faisons dans cette rue piétonne où beaucoup d’habitants sortent le soir. Chaque restaurant a au moins deux rabatteurs et de la musique d’ambiance, chaque magasin a ses enceintes diffusant elles aussi une musique accrocheuse ainsi que des démonstrateurs-animateurs chargés d’attirer la clientèle et d’illustrer l’authenticité de la marchandise vendue. Au milieu de ce vacarme, de nombreux bars musicaux où de jeunes musiciens jouent leurs morceaux accompagnés de guitare ou piano, parfois devant un public inexistant. Quelques discothèques agrémentent le tout. Ici, elles ne sont pas dissimulées comme en France pour protéger les riches privilégiés. Non, la porte est ouverte, les grandes baies vitrées permettent de voir à l’intérieur, pour justement voir ceux qui s’amusent et peuvent s’amuser. Si le niveau sonore est parfois difficile à supporter, les ambiances lumineuses sont chaleureuses et l’on aime s’y promener.
Nous goutâmes à Guilin aux Guilin noodles. Assez épaisses, accompagnées de porc ou de bœuf ainsi que d’épices diverses selon son goût, elles se mangent notamment au petit-déjeuner. Miam ! On en a repris !