Le SOS Village d’Enfants de Quy Nhon (Vietnam)
Il y a quelques jours, nous avons visité le SOS Village d’Enfants de Quy Nhon, la ville où nous nous trouvons désormais pour notre mission (article à venir sur ce sujet!). Nous avons été émerveillés et en profitons pour vous faire découvrir, si vous ne la connaissez pas déjà, cette belle initiative d’après-guerre aujourd’hui devenue une association mondialement célèbre pour son action auprès des enfants orphelins ou en grande difficulté familiale, comptant près de 600 villages dans le monde.
En 1949, Herman Gmeiner, un Autrichien, crée le premier SOS Village d’Enfants en Autriche dans lequel sont recueillis des frères et soeurs orphelins pour leur offrir un cadre de vie et une relation affective proches de ceux d’une vie familiale. Au coeur du concept, un principe tellement sensé, évident mais magnifiquement mis en oeuvre par l’association: mère-fratrie-maison-village.
- La mère: chaque enfant est confié aux bons soins d’une “mère”, c’est-à-dire une femme qui joue le rôle de la mère
- La fratrie: autour de chaque mère est recréée une fratrie pouvant aller de 8 à 10 enfants dont les âges sont variés comme dans une famille, afin également d’assurer la transmission et l’entraide entre les enfants de différents âges
- La maison: chaque mère vit avec ses “enfants” dans “sa” maison, qui lui est dédiée, assurant ainsi les conditions pratiques d’une vraie vie de famille
- Le village: chaque village regroupe plusieurs maisons, recréant ainsi une communauté se retrouvant autour des activités quotidiennes (école, jeux, sport, fêtes)
Le village SOS de Quy Nhon a été créé en 2009 et pleinement opérationnel en 2011. Il regroupe aujourd’hui 16 maisons, pour 148 enfants ainsi qu’une maison de jeunesse avec 28 enfants. Lorsque les garçons atteignent l’âge de 15 ans, ils rejoignent la maison de jeunesse dans laquelle ils restent jusqu’à l’âge de 18 ans avant de quitter le village.
Une école maternelle a été créée au démarrage du village afin que tous les enfants en bas âge puissent rester dans le village. Les classes étaient complétées par des enfants de l’extérieur, favorisant ainsi le mélange avec d’autres enfants tout en facilitant la vie pour les petits du village et les “mères” grâce à la proximité. Les enfants ont grandi et aujourd’hui 125 des 130 enfants scolarisés dans cette école viennent de l’extérieur.
Les enfants arrivent au village soit par l’intermédiaire des services sociaux, de la police, d’associations ou encore de membres du personnel du village qui détectent parfois dans leur entourage des enfants dans le besoin. Ils sont orphelins, abandonnés ou encore un de leurs parents est en prison ou dans l’incapacité de les élever.
Lorsque nous arrivons, nous sommes dimanche en fin d’après-midi, les terrains de sport du village sont bien occupés. On y joue au football, au volley-ball (sport très apprécié au Vietnam) et on y fait de la boxe.
Un peu plus loin les maisons sont disposées tout autour d’un petit jardin. Très rapidement nous sommes frappés par la propreté et le soin avec lequel sont entretenus tous les espaces. Ce n’est clairement pas un hasard et bien au-dessus de “l’ordre naturel” qui règne dans les rues et maisons vietnamiennes. Nous sommes accompagnés du directeur du Village et de l’ancienne responsable des SOS Villages d’Enfants pour tout le Vietnam qui en compte une vingtaine. A chaque fois que l’on rencontre un enfant, celui-ci croise les bras devant lui et nous dit bonjour avec déférence. Les plus petits nous observent, en cachette, viennent nous tester et repartent en courant.
Les mères apparaissent sur le perron de leur maison. Certaines sont dehors en train de jardiner une parcelle de terrain leur servant de potager.
La majorité des mères sont là depuis le début de l’ouverture du village. Pour devenir mère, l’important n’est pas la qualification. Un minimum d’éducation est bien évidemment nécessaire mais l’amour des enfants, la personnalité, la bonne santé et l’hygiène sont essentiels. Ensuite, les mères sont placées dans un programme de formation de trois mois, dans un autre village avant de s’installer dans leur maison et accueillir “leurs” enfants.
Des “tantes” au nombre de quatre (une pour 4 mères) sont également présentes pour venir en renfort à 4 maisons qui lui sont dédiées. C’est essentiel notamment quand une mère a un passage à vide, ou besoin de conseils ou d’aide pour gérer un enfant difficile ou encore quand plusieurs enfants en bas âge sont accueillis dans une même famille même si tout est fait pour l’éviter. Ce fut le cas avec l’arrivée de jumeaux qu’il fallait garder dans une même famille.
Aujourd’hui, il est de plus en plus difficile de trouver des mères. Il faut beaucoup expliquer en quoi consiste le village et rassurer l’entourage. Mais une fois qu’un profil est trouvé, il est généralement bon.
Chaque maison a un nom de fleur. A l’intérieur, c’est également très bien rangé et propre. Aucun objet ne traîne et les lits sont au carré. Comme souvent au Vietnam, on dort sur une paillasse et pas forcément avec un matelas.
Les maisons ont parfois été financées par des entreprises ainsi que les frais de fonctionnement pour les cinq premières années. Les scolarités de chaque enfant peuvent être financées aussi par des dons individuels.
Les jeunes garçons de 15 ans ont des éducateurs pour s’occuper d’eux dans la maison de jeunesse. La journée est bien rythmée comme le montre les divers plannings affichés dont celui des repas de la semaine. Dehors, une zone fitness système D a été créée par les garçons pour se faire les muscles.
Le taux de réussite est plutôt très élevé avec des enfants bien insérés dans la société, réusissant en classe et trouvant des premiers emplois à l’âge adulte.
Pour finir cette visite, nous fûmes gentiment invités à dîner dans l’une des familles. Comme souvent au Vietnam, malgré un niveau de vie peu élevé, nous avons été reçus comme des rois, avec de la nourriture comme si nous avions été trois fois le nombre que nous étions. Mais l’important était là: nous avons partagé un repas, en toute simplicité, dans une famille unie bien que composée d’enfants de divers origines, histoires.
Nous nous sommes dits au-revoir sur le perron, comme si nous venions de dîner chez nos voisins en nous souhaitant les banalités d’usage mais qui parfois sont bonnes à dire et à entendre car signe que la vie est normale et que tout va bien…