La Mid-Coast
En 1880, la famille Mead s’installa non loin des villes jumelles de Forster-Tuncurry et démarra une ferme laitière, les vaches paissant tout autour de la maison. Les Mead restèrent pas moins de 120 ans dans ce merveilleux endroit et laissèrent comme témoignage historique leur maison principale, quelques unes de leurs dépendances, et de magnifiques ficus ! Nous fûmes sous le charme et le plus grand des ficus fut désigné comme lieu idéal pour une cabane! Une belle occasion de collecter toutes les breloques trainant dans le jardin et d’apprendre aux filles le brélage d’une échelle!
Une dizaine de chevaux du centre équestre voisin et de nombreux wallabies vivant dans les bois alentours, évoluaient tranquillement autour de la maison, sortant dès que les rayons du soleil s’appaisaient. Certaines mères portaient leur enfant dans leur poche. Lorsque nous approchions, toujours la même réaction. Arrêt, observation, puis après quelques instants et si nous persistions à rester, fuite à quelques dizaines de mètres plus loin. Mais jamais nous n’avions pu cotoyer autant de wallabies, le bonheur !
Pourtant, il y a quelques mois ce devait être la panique comme nous le raconta Craig le voisin, chapeau à la mode cowboy rivé sur la tête. Le feu était partout, ayant gagné la lisière des bois tout autour de la clairière. Par précaution, les chevaux furent déplacés. Au moment le plus critique, trois pompiers étaient présents pour aider à protéger la maison et cela se passait plutôt bien…n’était le cabanon de Craig, un peu plus loin et qu’il avait oublié de mentionner. Le feu avait déjà attaqué les toilettes extérieures…mais fut heureusement rapidement circonscrit.
Nous sommes ici sur la Mid-Coast, à 300km environ de Sydney. Moins célèbre que ses consoeurs plus au Nord, Gold Coast, Sunshine Coast ou encore Whitsunday Coast, elle n’a pas à rougir offrant elle aussi de superbes plages, pour la plupart moins fréquentées et s’étendant chacune souvent sur plusieurs kilomètres. Les Australiens étant de grands sportifs et nageurs, des piscines d’eaux de mer sont souvent situées à l’une des extrémités des plages, vue imprenable sur l’Océan tout en s’entraînant, royal! Autre particularité de cette côte : elle est très découpée par nombre de rivières qui viennent se jeter dans l’Océan Pacifique et dont les méandres créent des lacs intérieurs, des deltas et profonds estuaires-barrières, séparés de la mer par des dunes végétalisées ou des marécages. L’une des zones humides les plus riches de l’état. Ici, les rivières portent l’héritage Aborigène dans leur nom, par exemple Wallamba river ou encore Coolongolook river. Les villes connues sont Port Stephens, aux terres peu fertiles, Taree, ville ostréicole, et Port Mcquarie, tristement réputée pour accueillir les prisonniers récidivistes de la colonie.
Revenons aux plages qui nous ont tant ravies. De beaux rouleaux s’y déroulent souvent, leurs franges d’écume soufflées par le vent, s’élevant comme de la fumée. On se croirait par moment aux grandes eaux de Versailles ! Seuls les habitués sont ici, les promeneurs et leur chien, les surfeurs et leur 4×4 arrêté au plus proche du meilleur « break ». Certains ont même allumé un feu pour se réchauffer au sortir de l’eau, comme dans les films ! Ici, on pêche depuis la plage…d’autres depuis les airs, ce sont des cormorans qui survolent les flots, longeant le rivage, puis soudain plongent d’une dizaine de mètres sur les poissons évoluant à fleur d’eau. Soudain, un aileron, puis deux, cinq, dix, ce sont des dauphins qui s’approchent eux aussi du rivage, lors d’une partie de pêche en groupe. Avec le mois de juin qui approche, certaines baleines croisent au large et c’est par hasard, alors que nous contemplions l’horizon, qu’émergèrent les jets puissants provoqués par le cétacé. Trop loin pour pouvoir le distinguer précisément, nous ne nous lassâmes pas moins de guetter ses éclats qui s’espacèrent petit à petit dans l’immensité bleue.