Coraux en danger (Australie)
Quel meilleur pays que l’Australie pour parler de la détérioration des coraux dûe au réchauffement climatique et à la pollution humaine ?
L’Australie accueille sur sa côte le plus grand ensemble de coraux du monde: la Grande Barrière de Corail. Sur une longueur de 2300 km s’étirant de l’Est au Nord-Est des côtes australiennes, la Grande Barrière de Corail est composée de 400 espèces de corail qui abritent 1500 espèces de poissons et 4000 espèces de mollusques. Parce que les coraux sont des organismes vivants, on dit souvent de la Grande Barrière qu’elle est le plus grand organisme vivant du monde. Elle représente plus de 600 îles et 2500 récifs isolés.
La Grande Barrière fut découverte par James Cook lors de son fameux voyage en 1770, où il s’échoua sur la barrière et prit de longs mois pour réparer l’avarie. Un peu plus de 200 ans plus tard, en 1981, elle entrait dans la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO, prouvant à la fois son caractère unique mais également l’urgence de la protéger.
Etendue de la Grande Barrière de Corail Vue aérienne des récifs de la Grande Barrière Exemple de récifs coraliens James Cook ayant mis pied à terre suite à son avarie sur la Grande Barrière Un dugong, l’un des nombreux habitants de la Grande Barrière Une tortue verte, une autre habitante de la Grande Barrière
Les coraux font partie de la même famille que les méduses, mais contrairement à elles, ils se fixent sur une paroi et se développent à partir de là.
Le corail qui forme la Grande Barrière est jeune car il serait âgé d’environ 8000 ans. Mais il repose sur une structure d’anciens coraux âgés eux de plus de 500 000 ans. Ce qui reste encore jeune, si l’on considère que certains coraux sur terre sont apparus il y a plus de 400 millions d’années.
Les coraux se développent dans la partie chaude des océans et généralement entre 0 et 30 mètres de profondeur. En Australie, les jeunes coraux s’installent sur les anciens coraux morts et leurs implantations se sont déplacées au fil du temps selon la baisse et la montée des océans en fonction des différentes aires glaciaires formant des murs de coraux et des plateaux coralliens.
Pour ceux qui ne comprennent toujours pas ce que sont vraiment les coraux, voici deux petits didacticiels (en anglais of course!) qui finiront de vous éclairer!
(didacticiel 2) Exploration de la barrière de corail pour les enfants
Les coraux tirent une partie essentielle de leur vie de leur symbiose avec une algue unicellulaire appellée zooxanthelle qui fait littéralement partie de la structure du corail et lui permet de se nourrir grâce à ses capacités de photosynthèse et les nutriments qu’elle lui procure. C’est aussi cette algue qui est à l’origine des couleurs vives et variées des coraux.
La reproduction et le développement des coraux se fait de plusieurs manières: sexuée, asexuée, par dédoublement et par fragmentation. La plus célèbre est la reproduction sexuée qui a lieu une fois par an, dans des conditions très spécifiques, à la minute près, un soir de pleine lune. Un véritable spectacle sous-marin. Si vous voulez savoir à quoi cela ressemble, voici:
Malheureusement, comme d’autres à travers le monde, les coraux de la Grande Barrière de Corail sont en danger. La principale menace actuelle est le réchauffement climatique, conséquence de multiples pratiques polluantes de l’homme. Si le corail prolifère joyeusement dans des eaux entre 27°C et 29°C, il suffit de quelques degrés de plus (à partir de 32°C) pour le voir soudainement blanchir, s’affaiblir et étant plus fragile, possiblement mourir si exposé à d’autres conditions difficiles au même moment. A l’origine de ce phénomène de blanchissement, l’expulsion, par le corail soumis à de telles températures, de son algue salvatrice, le zooxanthelle, qui lui procurait une majorité de son oxygène et de ses nutriments.
De 1985 à 2012, la Grande Barrière a déjà perdu plus de la moitié de sa surface corallifère. Plusieurs grands épisodes de blanchissement (1998, 2002, 2016 et 2017) et un nouvel épisode cette année ont été observés. En 2016 par exemple, on estime que 30% des coraux sont morts en neuf mois. Les récifs se repeuplent peu à peu mais perdent de leur diversité.
Parmi les autres causes de dégradation du récif corralien, la pêche et les diverses pollutions des eaux contribuent à réduire la diversité des poissons et des organismes vivants essentiels à la survie du récif.
On estime que si les conditions actuelles perdurent, notamment le réchauffement de l’eau, la Grande Barrière de Corail disparaîtra d’ici la fin du XXIème siècle. Si vous n’êtes pas convaincus de l’importance de cette disparition, cette vidéo est pour vous:
Mais soyons positifs ! Car des hommes et des femmes observent, étudient, testent et agissent chaque jour pour sauver les coraux de notre planète, dont ceux de la Grande Barrière.
Certains combats comme la protection contre l’exploitation industrielle et le classement en zones protégées ont été heureusement menés et déjà gagnés, comme ce fut le cas pour la Grande Barrière, dans les années 1960-1970.
Les extensions des zones d’interdictions de pêche progressent avec de vrais résultats sur la santé des coraux. La limitation des eaux de ruissellement et donc des produits chimiques finissant dans les eaux marines doit être au centre des attentions. En adoptant une attitude écologique et de préservation de l’environnement, cela entraînera naturellement la réduction de la pollution marine. Il est de notre devoir de rappeler les gestes essentiels et les promouvoir.
Certains biologistes marins ont même réussi dans les dernières années à déclencher artificiellement la fameuse reproduction annuelle des coraux. Ce qui laisse beaucoup d’espoir pour des actions de regénération assistée des récifs coralliens endommagés. Ci-dessous, quelques détails en image sur ces découvertes prometteuses.
Soyons responsables pour que ce paysage aquatique merveilleux puisse encore s’observer dans 100 ans.