Roadtrip – Semaine 1
De Cairns aux Whitsunday Islands
5h du matin. Aéroport de Cairns.
“- Avez-vous récemment été en Chine?
– Oui”
L’agent blêmit avant de se souvenir qu’elle porte un masque.
“- Quand en êtes-vous partis?
– Le 12 janvier”
Les symptômes se développant sur quinze jours, nous sommes hors de la zone de risque fixée au 01 février. Nous pouvons poursuivre notre tour du monde!
Les filles dorment encore une ou deux heures. Dehors la chaleur et la moiteur marquent clairement le changement avec les fraîches journées que nous avons connues au Japon. La température monte jusqu’à 38 degrés et le taux d’humidité oscille entre 60% et 70%. Nous sommes dans le Queensland, dans la région des wetlands, connue pour son climat tropical et comme le dit l’appellation, sa forte présence d’eau sous diverses formes. La nature y est éclatante et abrite de nombreuses bêbêtes ravies d’y batifoler. Les quelques kilomètres pour aller jusqu’à l’agence de location à peine parcourus et la chemise est déjà trempée. Heureusement, elle sèche vite!
7,2 mètres de long; 3,4 mètres de haut et 2,3 mètres de large. Le bahut est garé devant l’hôtel prêt à être chargé. Les rangements sont nombreux et accueillent facilement toutes nos affaires. Les placards restants seront vite remplis par les provisions que nous irons acheter quelques heures plus tard. Nous rejoignons un premier camping pour deux jours d’adaptation à notre camping-car. Bien nous en a pris. Une petite fuite et un auvent voilé réparés dès le lendemain, notre baptême du vidage de réservoir toilettes fait (conseil, bien prendre sa respiration avant de commencer l’opération !), nous sommes prêts à partir! Mais avant cela, Cairns étant proche de la grande barrière de corail, nous nous devions d’y faire un tour.
Le camping-car pour nos premières 3 semaines Intérieur vers cabine conducteur et chambre des filles Intérieur vers cuisine, salle douche-WC, et chambre parents Lagon artificiel de Cairns Dans cet arbre, des milliers de flying fox, des chauve-souris à tête rousse
Premier arrêt: Green Island! L’une des îles de sable proche de la Grande Barrière de Corail et sur laquelle se développèrent les premières excursions touristiques autour de la barrière. Originellement, un simple ilôt où le sable s’accumulait. Les oiseaux qui le visitèrent y déposèrent les graines qui devaient former la forêt tropicale que l’on peut traverser aujourd’hui. Le paysage autour de la petite île est idyllique. Les oiseaux aux pattes élancées scrutent l’horizon depuis la plage, s’abritant sous les arbres couchés et les mangroves. Les eaux sont d’un beau bleu clair et il est grand temps d’y plonger. De Novembre à Avril, c’est la saison des méduses, certaines étant très venimeuses, nous revêtons des combinaisons en lycra dernière mode avant de pénétrer dans la mer. Les poissons se firent…discrets. Heureusement, ils furent plus nombreux sur la Grande Barrière où nous accostèrent sur une barge avec tout le nécessaire: équipement de snorkeling (équivalent anglais de “barbotage avec un masque en regardant les poissons”), observatoire sous-marin, petit submersible à fonds de verre. Les coraux variés et les poissons de multiples couleur nous ravirent et ce fut un moment inoubliable pour tous, conscients de la fragilité de cet écosystème.
Green Island Green Island Green Island Green Island Plage et forêt tropicale Avec les fameux stinger suits anti-méduses
En progressant vers le Sud, nous décidons de nous arrêter dans l’un des parcs nationaux constituant les Tropiques humides du Queensland, classés au patrimoine mondial de l’Unesco. Pourquoi ? Car c’est là l’une des plus vieilles forêts du monde, vestige vivant de l’ère du Gondwana, et où l’on peut observer les mutations de l’écosystème, des espèces de faune et de flore très anciennes et une diversité végétale et animale exceptionnellement élevé. Nous pénétrons plus particulièrement en territoire Mamu. Les Mamu sont l’une des tribus Aborigènes qui habitaient au coeur de la forêt tropicale. Ils la respectaient et savaient l’utiliser pour leurs besoins premiers. Ainsi, il y avait six saisons pour les Mamu, chacune correspondant aux plantes et fruits fleurissant à cette époque. Evident non? L’arrivée des explorateurs Européens et des chercheurs d’or Chinois entraîna le déclin des Mamu qui furent exploités par les nouveaux-arrivants pour leurs besoins de main d’oeuvre, en échange d’opium.
Il ne reste aujourd’hui qu’une minorité de Mamu. En 2013, ces derniers se virent rétrocéder des droits de propriété sur une partie de ces forêts. Depuis les chemins et plateformes surélevés, nous imaginons leur vie avant l’homme blanc, puis les périodes mouvementées des explorations et des destructions pour creuser des voies de communication et extraire des matières premières.
En territoire Mamu Vue sur la forêt tropicale Forêt Tropicale Humide du Queensland Forêt Tropicale Humide du Queensland Forêt Tropicale Humide du Queensland Forêt Tropicale Humide du Queensland


Bref arrêt à Mission Beach et ses 14km de plages. Malheureusement, la baignade est interdite du fait des méduses bien sûr mais aussi…des crocodiles. Peu importe, la balade sur la plage est agréable, les jolies formes de Dunk Island dansant à l’horizon. C’est aussi la région des casoars, mais nous n’en vîmes aucun. Les maisons ont des allures de Louisiane. Le lendemain matin, direction Townsville.
Le long de la route, les champs de canne à sucre sont nombreux, les paysages très verts et les cadavres de kangourous ont remplacé ceux des chats et hérissons le long des axes Européens.
En chemin, nous faisons une pause à Crystal Creek, à quelques kilomètres de la Bruce Highway. L’endroit est couru et les habitants du coin s’y pressent en ce samedi. Tout comme en Afrique du Sud, le barbecue est l’une des activités importantes du temps libre. Les stands équipés de plancha en libre-service sont rapidement occupés. Nous nous dirigeons vers la crique du paradis après avoir vérifié qu’aucun crocodile n’y faisait ses ablutions quotidiennes. Nous plongeons dans l’eau délicieuse, surplombée de quelques rochers et apprécions le calme naturel de l’endroit. Soudain, un, puis deux, trois, dix, vingt Aborigènes surgissent sur les parois rocheuses. Il en vient de tous les côtés. Nous sommes cernés. Leur nombre a bien atteint la quarantaine et nous sommes clairement encerclés même en comptant les autres peaux claires autour de nous. Leurs serviettes sont vite déposées et leurs t-shirts tombés. On plonge de partout. On s’interpelle. On se lance des balles de rugby par-dessus les eaux. On se défie dans de bruyantes courses de crawl. Les animateurs surveillent les ébats des élèves. Il s’agit d’une école. A la surprise que nous avons eue à leur arrivée, nous pensons tout de suite au vaste sujet du peuple Aborigène et à son assimilation par la société blanche Australienne, descendante des colons du XIXème siècle, sur des terres habitées par les Aborigènes depuis au moins 40 000 ans. Nous nous laissons plusieurs semaines pour pouvoir émettre un avis mais les premières observations dans les rues éveillent en nous un sentiment de déjà-vu…en Afrique du Sud.
Mission Beach Mission Beach Gare aux crocs! Gare aux méduses! Vue sur Hinchinbrook Island Habitations typiques
Se balader dans la ville de Townsville, d’aucuns auront noté le pléonasme, permet justement de voyager dans le temps et redécouvrir une partie de l’histoire du developpement de l’Australie au XIXème et XXème siecle. Après avoir été découverte par les Européens au début du XIXème siècle, c’est véritablement en 1866 qu’il fut décidé par Robert Towns (d’où le nom!) d’en faire une base portuaire pour les activités de cinq mines d’or de la région ainsi que l’approvisionnement du Nord-Queensland. Gare, hotels, banques, entrepôts, commerces, écoles, confréries, maisons bourgeoises. Tous ces batiments se sont developpés grâce à l’activité aurifère puis à l’industrie de la canne à sucre. Au milieu de ces beaux bâtiments, la ville abrite aussi avec bienveillance de belles fresques de street art qui agrémentent la promenade et les constructions plus contemporaines…et malheureusement plus tristes et communes. Comme dans de nombreuses villes de la côte, Townsville possède son Strand, promenade arborée le long de la mer, agrémentée de jeux, d’équipements de sport, de lagons artificiels et de plages dont l’une généralement dôtée de son filet anti-méduses. Ce-jour là, un tournoi de Beach Rugby y était organisé et les contacts entre les joueurs assez rudes!
Au bord du Strand de Townsville Joli parc proche du Strand Les figuiers étrangleurs! Beach Rugby A l’aquarium…incontournable Le collège technique Bâtiments historiques Street Art Bâtiments historiques Chambre des magistrats Street Art Maison d’un haut dirigeant Ancienne Brasserie Street Art Bâtiments historiques Bâtiments historiques Street Art Bâtiments historiques Gare Street Art Hotel Commerce Street Art Belle baie sur la route vers les Whitsunday Islands
A l’Aquarium Bâtiments historiques Street Art
La pluie tombe serrée sur la mer qui reste relativement calme malgré tout. Nous prenons une douche, rain showers, comme disent aussi les anglophones. Nous sommes en direction de Whitehaven Beach, l’une des plages mythiques d’Australie et des Whitsunday islands, ensemble de 70 îles découvert pour la première fois par le fameux capitaine Cook en 1770. Son sable d’une finesse ultime et d’un beau blanc prend naissance il y a plusieurs millions d’année, alors que plusieurs volcans grondaient au large. Lors de la dernière ère glaciaire, la montée des eaux submergea la caldeira. Les courants balayèrent le nouveau paysage et le façonnèrent, apportant au sable de Whitehaven Beach plus de 98% de silice, d’un blanc immaculé, une texture soyeuse et, avantage important, ne retenant pas la chaleur du soleil. A quelques encablures, le jeu des courants et des vents dessinent des spirales de sable polymorphes et uniques chaque jour. Souvent, les touristes essaient d’en faire trop et de voir la plus grande partie des Whitsunday Islands. Nous profitâmes de cette plage si rare, tout simplement, avant de rentrer au port, dans le soleil déclinant et se reflétant dans les flôts qui fouettaient la coque du bâteau, la mer vert emeraude et les iles recouvertes de forêts.
Au port Le temps est couvert vers notre destination Les sables tourbillonants Belle vue sur l’ancienne caldéra Tongue Bay Tongue Bay Tongue Bay Whitehaven Beach Whitehaven Beach Whitehaven Beach Whitehaven Beach Whitehaven Beach Whitehaven Beach Whitehaven Beach Whitehaven Beach Sur le chemin du retour