Suzhou la Soyeuse

Suzhou la Soyeuse

Portiques de sécurité et rayons X à toutes les entrées, vérification des passeports et des billets, salle d’attente spécifique, indication en vert au moment d’embarquer et en rouge lorsque l’embarquement est fini. Nous ne sommes pas à l’aéroport mais bien dans une station de train en Chine ! Organisation parfaite. Quelques minutes plus tard, notre « bullet train » (à prononcer en anglais) entre en gare. Il n’a rien à envier à nos TGV. La même allure aérodynamique, un style plus futuriste avec sa couleur blanche. A l’intérieur, des rangs de 5 personnes (3 et 2), sans doute car ils sont plus nombreux !

A peine 25 minutes plus tard, nous arrivons à Suzhou où nous passerons deux jours, et notamment Noël ! Le temps ne fut pas idéal, couvert puis pluvieux le deuxième jour. Et pourtant, nous avons adoré Suzhou. Ses canaux, ses jardins, ses petites maisons blanchies à la chaux aux lignes élégantes et toits de tuile gris-noir. Quittant Shanghaï, nous pensions y découvrir peut-être une Chine plus « rurale » mais nous nous trompions. Nous y avons observé par exemple une variété plus importante de magasins qu’à Shanghaï, souvent très bien arrangés, et présentant des produits plus qualitatifs. Également, de nombreux restaurants depuis les plus simples, où l’on peut déguster un bon bol de nouilles dans un bouillon au porc ou aux légumes et champignons (les filles et leurs longs cils noirs attirant tout le personnel, inclus la cuisine, pour être observées avec étonnement), jusqu’aux restaurants plus élaborés où l’on peut goûter une variété de plats, souvent épicés.

Suzhou est une ancienne cité fondée il y a près de 2500 ans. Elle se développa avec l’achèvement du Grand Canal (qui d’ailleurs est le plus vieux canal du monde avec certaines sections datant du Vème siècle avant Jésus-Christ) reliant Pékin à Hangzhou. Mais surtout elle fut au XIVème siècle la première ville productrice de soie, attirant alors marchands, bourgeois, peintres qui s’y firent construire villas et jardins que nous pouvons admirer aujourd’hui. L’histoire de la Soie à Suzhou ainsi que les procédés de sa fabrication sont présentés dans un beau musée mais photo interdite. Nous ne pûmes pas prendre les deux métiers à tisser en démonstration au musée sur chacun desquels s’affairaient avec adresse deux personnes, l’une en bas, l’autre juchée en haut sur le métier.  Impressionnant et quelle patience ! Heureusement, on les a retrouvés en photo sur Internet.

Suzhou est classée au patrimoine de l’UNESCO pour l’ensemble de ses jardins classiques que nous partîmes donc découvrir. La poésie et la méditation sont omniprésents, tant dans les noms même de ces jardins, que dans celui des pavillons qui les composent ou encore dans leur aménagement soigné. Le Jardin de l’Humble Administrateur, le Jardin du Maître des Filets, le Jardin du Couple, le Jardin de l’Harmonie, etc. Les chemins de pierre sinuent entre les rochers et bassins que l’on cache pour mieux les découvrir. La végétation est soigneusement sélectionnée pour renforcer l’harmonie du jardin par ses formes et ses couleurs. Les ponts relient les différentes parties du jardin, enjambent les cours d’eau. Divers pavillons permettent au maître des lieux d’y accueillir ses hôtes, d’y travailler, d’y méditer, d’y boire un thé ou encore d’y dessiner ou d’y composer. Nous ne sommes pas dans des jardins publics mais bien dans des jardins privés, réservés aux plaisirs d’un petit nombre de privilégiés. Notre préféré fut le Jardin du Couple, plus intime, ses pavillons plus finement dessinés et son beau salon des thés.

En parlant de thé, de nombreuses maisons de thé bordent les canaux de Suzhou, notamment dans l’une de ces rues les plus fameuses, la rue Pingjiang. Certaines ont près de 150 ans et ont été rénovées, voire transformées en restaurants, tout en continuant à y servir d’excellents thés. Nous avons ainsi goûté de délicieux xiaolongbao (raviolis vapeur) colorés grâce à des pigments végétaux, accompagnés de thés à la rose et au chrysanthème. Rassasiés, nous nous plûmes à flâner le long des canaux et dans les ruelles mélangeant les maisons blanches et les maisons aux devantures en bois. Quelques belles pagodes pointent vers le ciel, au cœur de temples aux portes élégantes. Plus massif, le temple taoiste du Mystère date simplement…de 276 et fut reconstruit en 1181, du temps de la dynastie Song. A l’intérieur, il semble plus contemporain avec ses couleurs vives qui ne laissent pas indifférent.

Non contente de briller comme ville première de la soie, Suzhou est également réputée pour avoir créé il y a près de 500 ans la première forme d’opéra Chinois, l’Opéra Kunqu. Celle-ci assembla des musiques du Sud de la Chine avec des textes du Nord pour créer des opéras se jouant en 40 à 50 actes et dénouant essentiellement des intrigues d’amour contrarié. Le désormais célèbre genre d’Opéra de Pékin provient directement de l’Opéra Kunqu.

Ces deux jours à Suzhou nous ont définitivement plongés dans la civilisation Chinoise dont la finesse et la grandeur se dessinent de plus en plus précisément devant nous. Ce fut aussi un moment particulier car nous y passâmes la nuit de Noël. Après avoir désespérément cherché un petit sapin, nous décidâmes de faire appel à notre créativité. Cela donna l’un de nos plus beaux sapins de Noël réalisé sur feuilles noires magiques et une crèche avec les moyens du bord (merci Mamie Lyne pour tes petits cadeaux d’il y a quelques mois qui nous ont bien servi !). La magie était là et la famille heureuse. Tout simplement.

Joyeux Noël à tous !

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