Marchés et rizières au Nord-Vietnam

Marchés et rizières au Nord-Vietnam

Un vendredi soir, nous voici partis pour visiter le Nord-Vietnam, enfin une infime partie, espérant avoir un échantillon représentatif de cette région qui connut les invasions Chinoises et les batailles d’indépendance contre la France (notamment la « raclée » prise à Dien Bien Phu), mais surtout où vivent encore certaines des 54 ethnies qui constituent la population Vietnamienne, dans un mode de vie encore très rural.

Au menu de ces quelques jours nous menant de Bac Ha à Sapa en passant par Can Cau :

  • Visite de marchés
  • Balade dans les rizières
  • Découverte de villages

22h. Départ du train de nuit Hanoï – Lao Caï. Pile à l’heure !

Nous sommes en 2ème classe, cabine 4 couchettes. Jocelyne est dans la cabine d’à côté avec un couple Thaïlandais et un monsieur Japonais. L’aménagement de la cabine est au-dessus de la SNCF. Petit panier d’accueil avec bouteilles d’eau, snacks et fruits. Pas de refus ! Couette pour le lit. Confort!

8h plus tard, après avoir été bien secoués selon Jocelyne (nous, nous avons eu la chance de nous endormir rapidement!), nous arrivons sous un ciel gris mais accueilli par le sourire de Sung, notre guide Hmong noire (cf. article précédent). Un bon café Vietnamien, des oeufs pour certains, un Phö pour d’autres et nous voilà partis pour le marché de Can Cau.

Ce fut de ces quelques jours tout simplement le plus beau marché et surtout le plus authentique que nous avons visité. Moins “commercial” que celui de Bac Ha ou encore de Sapa. Après deux heures de route dans la montagne, le brouillard se levant peu à peu, nous sommes arrêtés au pied d’une petite pente d’où des étales remontent jusqu’au coeur du marché. Immédiatement nous croisons de nombreux Hmongs, certains en costumes traditionnels complets, d’autres mélangeant pièces de vêtements modernes et traditionnels. Une constante: seules les femmes portent les vêtements traditionnels. Tous les hommes sont en habits de ville. Nous nous en étonnons à Sung mais celle-ci nous répond que pour elle, cela ne fait pas de différence et que c’est même mieux car elle devait toujours rapiécer et raccommoder les costumes traditionnels de son mari!

Quoiqu’il en soit, l’effet reste magnifique, il y a de la couleur partout. On y vend de tout. A la fois pour les touristes mais aussi pour les membres des ethnies qui descendent de leur village une fois par semaine et ne manquent surtout pas ce rendez-vous pour échanger leurs marchandises et se retrouver et partager des nouvelles, pourquoi pas en mangeant un morceau. De fait, quand nous arrivons, beaucoup sont attablés en train de déjeuner car s’étant levés très tôt. Sung elle-aussi s’est levée tôt. A 3h30 pour venir depuis les environs de Sapa nous chercher au train. C’est donc tout à fait normal qu’elle se laisse tenter par l’une de ces pattes de poulet que l’on fait frire devant vous. Elle en reprendra même deux supplémentaires. Nous nous abstiendrons…

A Can Cau sont très présents les Hmongs fleuris dont le costume comprend notamment une jupe et un couvre-épaules très colorés. Ils déambulent pour vendre et pour acheter dans une joyeuse cohue dans laquelle les scooters n’hésitent surtout pas à essayer de se faufiler. Les “Anciennes” sont là, marquées par le temps mais impassibles, résistantes et porteuses de la tradition. Viennent s’y ajouter toutes les couleurs des articles que vendent les marchands principalement pour les touristes (sacs de toute taille, écharpes légères, vêtements traditionnels, petits animaux en tissus, sets de table, tableaux brodés, bols, etc.). 

On vend du tabac également, que l’on peut tester sur place avant de l’acheter, en le fumant dans une pipe taillée dans un bambou…pas forcément facile à ranger dans son sac! Dans la catégorie des vices, on peut aussi trouver de l’alcool de riz, parfois présenté même de façon très chic dans de belles bouteilles sur étagères. Plus rustique, l’alcool de maïs qui se vend dans des bidons! Plus pratique, un scooter-coordonnerie propose de réparer les sandales et en cas d’échecs de vous en vendre de nouvelles. Non loin de là une impressionnante collection de serpes et machettes en tout genre dépanne le paysan de passage. Un peu partout on vend aussi de la canne à sucre que le marchand taille, coupe et met dans des petits sacs. On en mâche les morceaux puis on crache les fibres. Dans chaque marché, on trouve aussi le marché des buffles d’eau. 25 à 30 millions de Dongs pour un de petite à moyenne taille. Entre 30 à 40 millions de Dongs pour un costaud. Pour les moins riches, le scooter-poulailler fait des prix sur de beaux coqs!

Fumeur avec pipe en bambou

Nous quittons Can Cau puis plus tard Bac Ha après avoir fait un beau tour de ces marchés traditionnels avec une impression plutôt positive quant à leur authenticité mais conscients que nous les avions visités à de bons moments hors du flux des touristes. Le soleil essaie de percer les nuages et l’on distingue ce qui doit être un magnifique paysage sous un ciel bleu. Notre périple nous mène à travers quelques villages où l’on découvre l’organisation des maisons. Très rustiques, ces dernières permettent toujours le stockage des récoltes soit sous le toit, soit sous un appenti. Le riz a été récolté il y a déjà bientôt deux mois et dort dans des sacs. Les épis de maïs sèchent pour certains en tas, pour d’autres pendus. Chez quelques-uns on trie les cacahuètes après les avoir faites sécher et les avoir épluchées. Les buffles d’eau sont attachés dans les cours ou bien ruminent dans les champs. Soudain, c’est la panique. On court, on crie. Un buffle s’est enfui, on essaie de le rattraper. On comprend qu’en réalité, il est poursuivi par un autre. La même histoire que pour le buffle de Sung. Et voilà que celui-ci aussi se jette dans une pente. Maudite bête! Heureusement pour lui, il n’en sortira pas blessé. Le calme revient dans le village. On retourne dans la grande maison où se déroule en ce moment une cérémonie en l’honneur des défunts passés. Nous sommes invités à y jeter un oeil. Nous serons brefs et discrets. Nous regagnons notre logis pour le soir en descendant la route. On y croisera une échoppe où l’on vend de la viande au-dessus de laquelle tourne cet ingénieux système permettant d’éviter les mouches si communes sur les étals d’Afrique que nous avons connus. Semblant marcher depuis des heures, une “Ancienne” remonte la rue chargé de fagôts.

En route vers Sapa, nous repassons par Lao Cai. Nous sommes ici en réalité à la frontière avec la Chine comme le montre un pont de l’autre côté duquel se trouve la Chine. Les véhicules ne peuvent pas traverser mais des piétons poussant des bicyclettes chargées de paquets font des aller-retours sans discontinuer. Il est amusant de penser que dans 1 mois 1/2 nous serons de l’autre côté de cette frontière, dans cette même région du Yunnan. Le riz aura-t-il le même goût? 😉

Le lendemain, c’est l’heure du trekking. Nous sommes rejoints par un couple de Néo-Zélandais. D’un commun accord, nous n’évoquerons pas la Coupe du Monde de Rugby récente, objet de grosses déceptions pour nos deux nations. Les rizières ne sont pas du vert vif que l’on voit sur toutes les photos des agences de tourisme qui vendent une excursion dans le Nord. Quand le riz est récolté, soit les rizières sont laissées en jachère, soit les familles y plantent temporairement des choux, des oignons de printemps ou des artichauts. On distingue bien les terrasses en escalier et nous profitons de ce paysage malgré tout très beau…en imaginant le quotidien des ethnies qui y travaillent alors que nos genoux grincent à monter et descendre entre les rizières. Au fil de la promenade, nous allons apprendre la fabrication de l’indigo depuis la plante, jusqu’à l’obtention de sa couleur, qu’Olivier testera lui-même entre ses mains, jusqu’au bain des tissus, la fabrication des vêtements et même l’étape qui consiste à frotter les tissus contre un bois pour les rendre brillants. Encore une fois les “Anciennes” sont gardiennes de ce savoir-faire.

Indigo: de la plante au vêtement

Voilà le travail

Le temps est passé très vite. Mais, aux côtés de Sung, nous avons pu avoir un aperçu authentique de la vie des ethnies au Nord Vietnam, de leur quotidien et de leurs traditions.

Nous reprenons le train pour Hanoï. Même ponctualité, même cabine parfaitement préparée. Au-revoir Nord Vietnam. Longue vie à toi et ta famille, Sung.

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