Ô Femmes Vietnamiennes (Vietnam)
Aujourd’hui, nous vous parlons non pas d’une femme, mais d’un musée sur les femmes! Le Musée des Femmes Vietnamiennes.
Tout d’abord, car ce musée a déjà le mérite d’exister pour mettre à l’honneur le rôle des femmes dans la société vietnamienne, ce qui, comme on le sait en Europe aussi, n’est généralement pas l’habitude des livres d’histoire.
Egalement car, il faut le dire, ce musée reflète la réalité que nous avons constatée après plus d’une semaine ici: ce sont les femmes qui travaillent et font presque tous les métiers! Les hommes sont beaucoup plus spécialisés (bricolage, sécurité, taxi), et parfois plutôt…paisibles en train de jouer ou de fumer.

Ainsi, le musée souligne à quel point les femmes vietnamiennes sont la plaque tournante du petit commerce et de la vente ambulante centraux au mode de vie des populations Viet, Chinoise et Cham. A la campagne ou en ville, ce sont elles qui animent les stands et qui marchandent. Elles sont également dans les champs au labour, pour repiquer le riz, le récolter, trier, battre, tresser, filer, tisser, teindre, etc.
Travailleuses et commerçantes, elles n’en assument pas moins leurs rôles de femme et de mère dans une société où par tradition le statut d’homme accorde plus de privilèges et d’héritage. Les mariages furent longtemps arrangés, les âges du couple, les moments du mariage et l’appartenance au même village et à la même ethnie entrant en ligne de compte. La demande en mariage, les fiançailles, la visite à la famille de la mariée, puis les deux mariages (celui de la mariée, et ensuite celui du marié) structurent le début de la vie du couple, même si selon les lieux, il peut y avoir des variantes parfois importantes. Au coeur de ce cérémonial, on retient notamment la coutume de chiquer du bétel, largement répandue dans cette région d’Asie et symbole d’amour, de fidélité, de fraternité, de famille et de bonheur. Pour en savoir plus cliquez ici.
Dans cet environnement, on notera cependant que certaines sociétés des Hauts Plateaux du centre du Vietnam ont toujours été matrilinéaires, notamment les Cham (originaires d’Indonésie). La femme la plus âgée a une place importante et un rôle décisif dans les affaires familiales. L’homme habite chez son épouse et les enfants portent le nom de la mère. L’héritage va aux filles et la cadette est privilégiée.
Suite logique, les femmes donnent naissance et élèvent les enfants à qui elles transmettent toutes les traditions et savoir-faires de la famille. La naissance d’un bébé est également l’objet de pratiques ancestrales telles que le maintien de la jeune mère au chaud avec un pot de braises placé sous le lit ou le tabouret pendant 1 mois, les prières et offrandes aux 13 Mères Célestes qui ont modelé le bébé ou encore les amulettes, branches de mûrier et chaînettes en argent pour protéger le bébé.
Fier de ses femmes, le musée rend alors hommage aux femmes mères de combattants et aux combattantes. Marqué par des guerres récentes dont ils sont sortis à chaque fois victorieux, les Vietnamiens ont prouvé leur ténacité jusque dans la participation des femmes à l’insurrection, la guerilla et les combats. Non pas uniquement en tant que soutien logistique comme elles ont pu l’être dans d’autres conflits dans d’autres pays, mais en tant que révolutionnaires, femmes de renseignement, médecins, soldats et commandants de troupe.

Aux champs et prêtes à combattre à tout moment Aidant aux ouvrages de protection Guerilla Poseuses de piège Femmes soldats Mères de combattants
En l’an 40 déjà, les soeurs Trung (Trung Trac et Trung Nhi) avaient montré l’exemple en menant les combats contre les envahisseurs Chinois, les Han. Alors que le pays est sous domination Chinoise depuis I siècle avant JC, les soeurs Trung déclenchent une révolte dans leur village, assemblent une armée dont le coeur est composé de femmes et repoussent les Chinois jusqu’à libérer le Nord du Pays et résister aux assauts pendant près de trois ans. L’armée Chinoise, plus puissante, s’étant recomposée, la bataille finale fut menée en 43 après JC. La défaite Vietnamienne étant proche, les deux soeurs se suicidèrent en se jettant dans le fleuve Hatmon pour ne pas tomber aux mains des ennemis. Elles devinrent des héroines nationales et de nombreux temples les vénèrent aujourd’hui.
C’est avec la même détermination que les femmes Vietnamiennes s’engagèrent dans les guerres d’indépendance contre les Français puis les Américains. Plusieurs sont mises à l’honneur comme par exemple la célèbre Vo Thi Thang: agent de liaison et révolutionnaire étudiante, elle essaya de tuer un agent secret avant d’être capturée. Lors de son jugement en 1968, elle déclara en souriant à ses juges que leur régime durerait sûrement moins que sa condamnation. Elle avait raison. Sa déclaration fut capturée dans une photo mondialement connue comme “Le Sourire de la Victoire” .

Vo Thi Thang: “Le Sourire de la Victoire” Kan Lich – 1ère Héroïne des Forces Armées Populaires
Le mouvement des “Trois Responsabilités” caractérisa bien cet engagement de nombreuses femmes vietnamiennes en leur confiant les missions de 1) produire pour le pays, 2) s’occuper du foyer, 3) se préparer à se battre à tout moment aux côtés des hommes.
On sort de ce beau musée plus respectueux encore de ces femmes qui s’affairent dans les rues, les maisons, les commerces, pleines de courage, d’initiative et de force.
