Lynda & Sissi (Afrique du Sud)
Une histoire très particulière que celle de Lynda et Sissi. Elle est liée à notre mission au Centre de Protection des Singes Vervets mais parle aussi d’aventures africaines.
Lynda est née en 1959 en Afrique du Sud, de parents Ecossais. Son père, ingénieur dans la marine marchande décida d’émigrer en Afrique du Sud juste après la 2ème Guerre Mondiale, suite aux conditions économiques très difficiles en Angleterre, et travailla principalement dans l’industrie automobile pour Ford et Leyland.

Lynda passa son enfance à Cape Town, Durban et Port Elizabeth, avant d’être diplômée en enseignement à Grahamstown (au Nord-Est de Port Elizabeth). Elle rencontra Ian avec qui elle se maria à l’âge de 25 ans et eut deux enfants, une fille et un garçon. Ian travaillait dans une entreprise fabriquant des machines et solutions pour le conditionnement et l’emballage des produits.
Pour le travail d’Ian, ils voyagèrent dans toute l’Afrique du Sud et au Swaziland, pays voisin à l’Est de l’Afrique du Sud. Les quatre dernières années de la carrière d’Ian, ce dernier fut envoyé au Mozambique et au Nigeria où ils s’installèrent donc. C’est là que Lynda allait faire la rencontre de sa plus grande amie ou plutôt de sa fille adoptive: Sissi!

Au Nigeria, Lynda vivait dans les environs de Ibadan, à 130 km de Lagos, dans une résidence (“compound”, surveillé bien sûr compte tenu des conditions de sécurité au Nigéria…) avec cinq habitations. L’une de ses connaissances, dont le mari travaillait pour la même entreprise qu’Ian, s’appelait Leonie. Elle était infirmière et apportait son aide à l’école locale.
Un jour, des enfants apportèrent à l’école un bébé singe abandonné. Sans le savoir ils avaient fait le bon choix car Léonie, également fille de fermier, et Lynda étaient prêtes à s’en occuper. Ce fut le coup de foudre entre Lynda et Sissi, et comme il n’y avait pas d’autres singes aux alentours, Lynda fut rapidement assimilée comme faisant partie de la “troupe”. Leonie et son mari repartirent au Zimbabwe pour gérer une ferme et Lynda fut alors seule à prendre soin de Sissi. Celle-ci vivait librement dans les arbres de la résidence et Lynda essaya de la garder au maximum dans son environnement sauvage. Sissi suivait la vie à l’intérieur de la maison en regardant à travers les fenêtres. Un jour, alors que Lynda regardait Wimbledon à la télévision, Sissi sonna à la porte pour enjoindre Lynda de jouer avec elle dehors. L’amitié était définitivement scellée!


Mais le séjour de Lynda et Ian viendraient un jour à sa fin, et Lynda s’inquiétait de l’avenir de Sissi, dans un pays où les hommes et les singes ne coexistent guère, ces derniers détruisant les cultures et étant considérés comme dangereux car pouvant être aggressifs. Lynda fut donc déterminée à trouver un sanctuaire naturel pouvant accueillir Sissi. Le Nigéria n’en possédant presque aucun, ce fut en Afrique du Sud qu’elle chercha alors longuement avant de trouver le Centre DIY Wild et de choisir de la transférer.
Mais ce n’était que le commencement d’une longue aventure de plus d’un an pour pouvoir faire venir Sissi en Afrique du Sud. Nombre de formalités administratives furent nécessaires mais surtout il fallut démontrer que Sissi ne présentait aucun danger en termes de maladie, notamment d’Ebola. Ainsi, Lynda ne baissa jamais les bras devant les “non” catégoriques des autorités Sud-Africaines. Elle put s’appuyer sur une thèse faîte par un universitaire Nigerian, ayant impliqué Sissi, et qui prouvait que Sissi n’était pas porteuse du virus Ebola. Lynda prouva également avec une évidence cynique, qu’ayant elle-même était mordue par Sissi, elle serait déjà morte si Sissi avait été infectée.
Après quelques prises de sang pour ôter les derniers soupçons, l’accord fut donné pour le transfert de Sissi mais à la condition qu’elle passe un mois en quarantaine avant son départ en Afrique du Sud. Une formalité. Sauf que le Nigeria ne possèdait aucune quarantaine aux standards internationaux. En mari dévoué, et également attaché à Sissi, Ian fit construire en deux semaines la quarantaine selon les standards requis. Lynda y déposa, le coeur serré, Sissi juste avant son départ…pour ne la revoir que quatre mois plus tard finalement, date à laquelle fut levée la quarantaine. Fin décembre 2018, Sissi arriva à Johannesbourg…pour une nouvelle quarantaine de six semaines. Les retrouvailles n’en furent que plus belles. Lynda et Ian avaient dédié tout leur temps à la sauver.

Aujourd’hui, Lynda vient voir Sissi une fois toutes les 6 à 8 semaines. Elle en profite pour se reposer dans l’un des chalets du lodge attenant. Elle seule peut entrer si librement dans la cage de Sissi, y installer son fauteuil pliable et être couverte de calins par la demoiselle Vervet. Les volontaires eux se méfient, surtout les filles (concurrence féminine oblige) car Sissi est imprévisible. Lynda et Ian nourrissent le projet d’acheter une petite parcelle de terre sur le terrain voisin et d’y faire construire un chalet à eux, pour faciliter leurs venues et se sentir encore plus chez eux. Nous avons beaucoup apprécié leur compagnie lors du désormais célèbre Braaï avec Lynda et Ian, qui invitent tous les volontaires de la mission (:-)), envers qui ils sont sincèrement reconnaissants du temps offert pour s’occuper de l’ensemble des singes abandonnés ou maltraités.
Merci Lynda, Ian et longue vie à Sissi!
