A sec…(Afrique du Sud)

A sec…(Afrique du Sud)

Après l’électricité en Zambie, nous découvrîmes avec inquiétude la problématique de l’approvisionnement d’eau de la ville du Cap. L’impact du réchauffement climatique et de plusieurs années consécutives de sécheresse fut dramatique pour l’ensemble de la population, nécessitant la mise en place de mesures exceptionnelles dont une grande partie persiste pendant notre séjour.

Le Cap est approvisionné en eau principalement grâce à 6 réservoirs situés dans les montagnes de la région et qui se remplissent avec les eaux des précipitations d’automne-hiver (Avril à Septembre). Malheureusement, le niveau de ces réservoirs a dramatiquement baissé tout au long de la période 2015-2017, impactant de plein fouet l’eau disponible pour les habitants du Cap.

Localisation des 6 réservoirs
Evolution des niveaux des réservoirs d’eau du Cap
Le réservoir de Voelvlei presque à sec

Face à cette urgence, de nombreuses mesures furent prises et l’austérité grandit au fur et à mesure que les niveaux d’alerte étaient dépassés. Début 2018, le niveau le plus élevé, le niveau 7 était envisagé avec seulement quelques mois de sursis avant le “Day Zero”, le jour où la ville n’aurait plus de choix que de couper l’approvisionnement en eau de la ville et de passer au rationnement par individu. Chaque habitant devrait alors venir chercher sa ration quotidienne, 25 litres environ aux points d’approvisionnement convenus par quartier. Mais finalement, le pire fut évité, pour le moment…

Douche
Sensibilisation à Table Mountain
Récupération des eaux de pluie pour réutilisation dans les lave-linges et lave-vaisselles

En effet, la mobilisation du Cap fut exemplaire tant au niveau des entreprises que des individuels et les nombreuses mesures finirent par payer.

Parmi ces mesures, on peut citer:

  • Les agriculteurs ont rendu une partie des stocks leur étant réservés à l’usage de la ville
  • Prendre des douches de max. 200 secondes
  • Interdire les usages superflus et très consommateurs comme les remplissages de piscines individuelles, le nettoyage des automobiles, l’arrosage des espaces verts d’agrément et pelouses individuelles
  • Encourager la collecte individuelle des eaux de pluie pour leur réutilisation
  • Collecter les eaux grises de cuisine et de salle de bains pour les utiliser dans les toilettes
  • Ne pas tirer la chasse d’eau systématiquement avec le fameux slogan “If it’s yellow, let it mellow!”
  • Limiter les lessives. Ainsi, un concours du “Dirty Shirt” fut lancé dans les entreprises à celui qui garderait le plus longtemps sa chemise sans la laver…
  • Mettre en place des mousseurs ultra-filtrants sur les robinets ne laissant passer que de fins filets d’eau
  • Encourager à se laver les mains avec des solutions hydro-alcooliques plutôt que de l’eau et du savon
  • Utiliser les services municipaux pour patrouiller dans les rues à la recherche des habitants ne respectant pas les restrictions afin de les sensibiliser, voir leur donner une contravention en cas de non-respect grave

L’ensemble de ces mesures ainsi que d’autres ont permis de réduire la consommation en eau de moitié, un gain considérable!

Les bonnes pluies de 2018 ont finalement donné un répit aux habitants du Cap et une partie des restrictions a été adoucie. Mais ce long épisode de pénurie a marqué les consciences et les pratiques d’économie d’eau perdurent comme nous pouvons en faire l’expérience dans notre logement.

C’est extrêmement enrichissant de se rendre compte de l’eau que nous gaspillons mais aussi des quelques habitudes et gestes qui peuvent grandement améliorer la situation. Technologiquement aussi. Les systèmes de récupération des eaux de pluie pour les besoins des lave-vaisselles et lave-linges ainsi que l’utilisation des eaux grises pour les chasses d’eau sont à pérenniser et déployer dans d’autres villes et pays. Que cet exemple réel puisse nous inspirer!

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